cercle prodomo quid du patrimoine en France?

PRODOMO                                                       Hiver 2024

                                Edito

Le Patrimoine et la cathédrale

La France en est-elle à reprendre gout à son patrimoine ? L’engouement porté à l’inauguration en grande pompe de Notre-Dame pour sa réouverture après 5 ans de rénovation pourrait le laisser croire dans un moment de disette religieuse, où seules les pierres et la lumière parlent à la majorité. Ce moment est à la mesure de la sidération qu’avait connu le monde au moment de l’incendie : la cathédrale en feu est l’image d’accueil de notre site et il est rassurant de la savoir maintenant quasi -intacte et surtout nettement mieux protégée, elle le restera car il faut garder en mémoire la fragilité des édifices et prendre garde aux protections défectueuses). Mais ne boudons pas notre plaisir, il s’agit d’un moment de communion en France et ailleurs, car c’est un monument emblématique parmi les édifices religieux dans le monde.

Il se trouve qu’il y a en cours une polémique sur la gratuité de l’entrée à l’édifice. De nombreuses autorités, dont le Pape se sont insurgé contre au nom de la fraternité, ce qui dans son cas ne manque pas de sel, la plupart des églises patrimoniales en Italie étant payantes. En regard de l’effort énorme des donateurs, particuliers et entreprises (850 millions d’euros pour 340 000 dons sans retour, il ne paraitrait pas absurde de faire payer l’entrée des visiteurs (pas des fidèles) d’une cathédrale quasiment refaite. Au surplus, les recettes relatives pourraient servir à entretenir le patrimoine religieux en France, qui est en grande souffrance, à un moment où l’Etat très endetté, peine à augmenter les budgets dédiés au Patrimoine.

Une autre polémique a surgi dans la rénovation (après le projet de la flèche moderne, heureusement abandonné), c’est celui du remplacement de certains vitraux 19 ème par des vitraux modernes. Ce projet incongru porté par le président et la ministre de la Culture, rejoint par l’Eglise- aux ordres-, ne représente que le fait du prince et viole allégrement toutes les règles patrimoniales d’un édifice classé. Quel hubris et quel mauvais exemple pour tous ceux qui doivent se plier aux règles parfois absurdes du Patrimoine pour les édifices privés. Déjà le mobilier liturgique et les nouveaux vêtements liturgiques, totalement désincarnés par rapport aux anciens choquent dans une enceinte préservée. N’en rajoutons pas !

François Vilnet, 

Président