cercle prodomo quid du patrimoine en France?

PRODOMO                                                       Printemps 2024

 Edito

Le Patrimoine et la dette

La France en est arrivée à un tel point qu’elle prend enfin conscience de sa dette, grâce à une légère erreur de quelques dizaines de milliards sur la trajectoire budgétaire. Il va donc falloir faire se résoudre à faire des économies et gratter sur tous les budgets. Ceci n’est pas une bonne nouvelle, en particulier pour le Patrimoine qui constitue souvent une variable d’ajustement à la baisse, car considéré soit comme non prioritaire soit comme non urgent. Il faut donc s’attendre à quelques années de vaches maigres avant de retrouver un peu d’ambition et de flexibilité budgétaire. Le nouveau ministre de la Culture n’en peut mais et devra faire des arbitrages pour les différents projets et subventions.
C’est fort dommage et Pro Domo qui considère que le Patrimoine fait partie du domaine régalien, aimerait bien comme d’autres que l’Etat se recentre sur les sujets régaliens au lieu de s’occuper de tout. Cette difficulté à réduire la dette est durable dans la mesure où la France désindustrialisée produit moins et que d’autre part la taxation des citoyens atteint des sommets. Ce sera donc au Privé de prendre le relais pour le financement du Patrimoine comme à chaque fois que l’Etat réduit ses investissements et ses dépenses.
Les particuliers ayant de plus en plus de mal à épargner à cause de l’inflation et des taxes (particulièrement élevées sur le Patrimoine bâti), la solution sera souvent pour eux de s’endetter pour maintenir ou développer leurs projets patrimoniaux. Dès lors, la boucle sera bouclée, tout désendettement de l’Etat impliquera une baisse des dépenses de fonctionnement et un endettement des particuliers qui souhaitent investir ou maintenir le Patrimoine. Le problème connexe est que les taux d’intérêt sont élevés et que l’inflation renchérit sensiblement les dépenses d’amélioration du Patrimoine (hausse sensible des salaires et forte des matériaux de construction) et que la baisse des subventions publiques se fera sentir. Il y aura donc un décalage dans les projets alors que le temps est un facteur décisif dans les travaux de restauration et que certaines parties du Patrimoine continueront à subir des dégradations. Il faudrait déconnecter le Patrimoine des aléas politiques et budgétaires et donner plus de visibilité à tous ceux qui travaillent et luttent pour l’améliorer.

François Vilnet,
Président